[PV Toby & Ann]

Ann était réglée comme une pendule. Mais attention, pas l'une de ces pendules un peu bringuebalante et poussiéreuse posée dans un coin du salon. Plutôt comme une jolie pendule dorée, précieuse et moderne que les riches clients s'arrachent chez les horlogers. Si bien qu'en plus d'être parfaitement à l'heure à son rendez-vous, elle était également changée, coiffée, parfumée et parée. Rien d'extravagant, une tenue plutôt classique, en noir et blanc, mais n'importe quel œil attentif aurait remarqué la qualité des tissus et le chic avec lequel ils avaient été associés.

Elle jeta un regard furtif sur Hyde Park, avant de s'en détourner pour descendre la Exhibition Road. Elle connaissait ce quartier de Londres presque aussi bien que St-Pancras. Il faut dire qu'elle avait passé du temps dans ses petits restaurants et ses quelques bars. A l'époque où elle découvrait la capitale avec un œil nouveau et où elle pouvait encore se permettre de flâner un peu.  Aujourd'hui, cette époque était bel et bien révolue, mais elle s'accordait un petit retour dans le temps bien mérité. Comme à ses vingt ans elle se sentait flotter, portée par la foule de gens pressés, heureuse tout d'abord, d'être cette femme du monde qui pour la première fois depuis longtemps prend le temps de prendre son temps.

Elle était fière de sa petite entreprise, fière de ses petites réussites qui s'enchaînaient, comme dans une de ces périodes fastes où l'on a l'impression que rien ne peut nous arrêter. Oui, elle pouvait le dire, ce soir elle était une femme comblée. Et ce qui la comblait plus encore, c'était d'apercevoir au loin la silhouette d'un homme élégant, posté un peu en avance devant la terrasse d'un restaurant.

- Bonsoir, lui dit-elle en s'approchant, d'une voix douce qui ne lui était pas habituelle.

Par chance, ou par malheur, Toby avait eu une mission très succinte. Elle s'était soldée en un échec. Il avait du poursuivre un Mangemort dans une forêt mais celui-ci, lâche d'affronter un Auror, avait fini par transplaner. Le trentenaire était donc de mauvais poil. Il avait songé à annuler son rendez-vous mais il avait finalement pris la décision de s'y rendre, essayant d'être le plus convivial possible.

Il avait revêtu un costume moldu deux pièces très simple mais qui lui allait parfaitement bien. Il mettait en valeur sa musculature.

Toby attendait devant l'entrée du restaurant la jeune femme qui ne devrait maintenant plus tarder à arriver. Il avait pris le risque d'arriver quelques minutes avant, espérant que la journaliste serait là mais ça n'était pas le cas. Il la vit enfin se diriger vers lui et lui dire :

- Bonsoir.

Le jeune homme la salua aussi et ajouta :

- Prête pour aller dîner ?

N'attendant pas sa réponse, il se dirigea vers l'entrée du restaurant jusqu'au serveur qui attendait l'arrivée de nouveaux clients.

- Serait-il possible d'avoir une table pour deux s'il vous plait ?

L'auror ne connaissait pas du tout l'établissement et ignorait si dans le bâtiment il y avait un endroit plus joli qu'un autre.

La journaliste avait remarqué depuis sa rencontre avec Toby qu'il était quelqu'un qui aimait prendre les devants. Et au cas où elle n'en était pas encore certaine, cet instant le lui prouva une nouvelle fois. Il s'avança dans l'entrée du restaurant d'un air assuré et demanda une table. Il semblerait donc qu'il n'avait pas tout à fait bien saisi le sens d'une invitation : si Ann lui avait proposé de venir ce soir, c'est bien qu'elle avait un minimum préparé le terrain. Le jeune serveur à qui s'adressait donc Toby se détourna de lui d'un air dédaigneux, pour se tourner vers la brune restée volontairement en retrait :

- Bonsoir Madame Czajkowski, je suis navré nous n'avons plus de table disponible aux fenêtres. Mais peut-être apprécierez-vous tout autant la vue sur une table centrale du premier étage ?

- Ce sera avec plaisir, je vous remercie, lui répondit-elle aimablement.

Ce n'était pas la première fois qu'elle visitait l'établissement et l'employé avait déjà eu l'occasion de la croiser à plusieurs reprises. Il s'arrangeait toujours pour lui trouver le meilleur accord met-vin, c'est pourquoi Ann avait décidé qu'elle aimait bien ce garçon. Alors qu'il les invitait à le suivre, menu en main, la journaliste jeta un regard un peu taquin à Toby, qui s'était fait envoyé sur les roses. L'avantage de ce restaurant, c'est qu'il ne jugeait pas sur le sexe de ses clients, ni même sur leur position, mais totalement arbitrairement sur leur physique et la fréquence de leurs visites. Bien entendu, ce serveur faisait un peu dans l'extrême. Les autres employés n'étaient pas aussi hautains. Mais puisque de toute façon il n'avait rien contre Ann, elle ne s'était jamais plaint de cette petite particularité.

Elle ne voulait cependant pas que Toby prenne en grippe cette enseigne pourtant très agréable, alors une fois assis à la table, elle glissa au serveur :

- Monsieur est un amateur de bières. Auriez-vous l'amabilité de le renseigner sur celles que vous servez ici ?

S'adressant alors pour la première fois à Toby, le garçon laissa tomber ses grands airs et se mit à lui sourire :

- Bien entendu. Nous avons de la bière ambrée Adelscott, de la Guinness, de la Spitfire, des bières galloises aux épices et de la Pelforth en bouteille.

Voilà qui devrait lui plaire.

Toby se renfrogna quand le serveur le dévisagea d'un regard empli de dédain et s'adressa à Ann. Il ne parla donc plus jusqu'à ce qu'ils aillent s'asseoir à un table, au premier étage. Le trentenaire avait l'impression pour la première fois de ne pas faire partie de ce monde. Tout était si bien décoré, placé au moindre millimètre près que ça en mettait Toby mal à l'aise. Bien sûr, il ne montra rien de tout ça à la journaliste ainsi qu'au serveur. Il fut ravi quand celui-ci lui fit la liste des bières qu'ils servaient dans l'établissement. L'auror prit le temps de réfléchir un instant puis finit par se décider :

- Je prendrais de la Spitfire, s'il vous plait. Et toi, Ann, que prends-tu ?

Il avait un petit avis sur la question, elle opterait souvent pour du vin mais si ça n'était pas le cas, cela n'étonnerait point le jeune homme. Elle l'avait déjà bien surprise avec le whisky la première fois qu'ils s'étaient vus et cela ne l'étonnerait point qu'elle récidive ce soir.

Après qu'elle ait choisi sa boisson, le serveur partit en direction du bar tandis que Ann et Toby étaient enfin tranquilles. Celui-ci se sentait déjà un peu mieux. L'atmosphère qui, au premier abord, l'avait envahi, devenait un peu plus agréable. Peu de couples se trouvaient aux environs ce qui rassurait Toby, même s'il en ignorait la raison.

Le serveur revint avec les boissons puis partit aussi vite. Les deux jeunes gens purent enfin trinquer en l'honneur de la journaliste :

- A toi ! Encore toutes mes félicitations.

Puis il porta le verre à sa bouche, dégustant la délicieuse bière qui le remplissait.

Comme escompté, Toby retrouva son sourire quand le serveur lui annonça la liste des bières. Il commanda, et Ann aussi après lui. Un martini blanc. Pourquoi pas, tiens ? Elle avait envie d'un martini blanc. Le vin, elle en buvait trop souvent pour qu'il puisse servir à trinquer en de grandes occasions. Alors que du martini, c'était un peu plus délicat, un peu plus exceptionnel. Une fois les boissons servies, ils portèrent un toast que Toby lui dédia. L'attention lui plu.

- Je te remercie.

Elle croqua dans la petite olive posée en équilibre sur son verre, en pensant déjà à ce qu'elle pourrait bien commander. Il était encore tôt dans l'année, les salades étaient encore de saison. Mais ça ne représentait pas assez bien un repas de fête. Peut-être de la viande plutôt, avec un dessert au chocolat, voilà qui la tentait bien.

- Je n'arrive pas encore à réaliser je crois. Je voulais ce poste depuis tellement longtemps et maintenant que je l'ai ... Enfin, on ne va pas parler de ça pendant tout le repas, mais ça me fait plaisir que tu ais accepté de venir en tout cas.

Tenant plus d'une gentillesse de circonstance que d'une véritable expression de ses sentiments, Ann devait tout de même admettre qu'elle était contente que Toby soit là. Elle ne s'en rendait peut-être pas encore compte mais une compagnie masculine un peu nouvelle lui avait manquée toutes ces années. Autre que son directeur trop âgé et renfrogné et son frère trop immature, bien sûr. Quant à savoir ce qu'elle attendait de la compagnie de l'auror, elle était encore trop indécise. Elle verrait bien ce que la soirée lui réservera.

- Je n'arrive pas encore à réaliser je crois. Je voulais ce poste depuis tellement longtemps et maintenant que je l'ai ... Enfin, on ne va pas parler de ça pendant tout le repas, mais ça me fait plaisir que tu aies accepté de venir en tout cas.

Toby hocha la tête en signe de compréhension. Les promotions chez les aurors n'existaient pas à sa connaissance - à part pour en devenir chef - mais il se doutait que quand on en obtenait une ça devait être long à réaliser. Mais agréable aussi.

Il ne se rendait pas compte que c'était seulement la deuxième fois que la journaliste et lui se voyaient. Il trouvait même ça étrange qu'elle lui ait demandé de fêter ça avec elle. Elle devait forcément être proche d'autres personnes et pourtant elle lui avait proposé à lui. Enfin, elle ferait sans doute une fête avec ses amis pour célébrer cette nouvelle. Quoique. Après tout, il ne la connaissait pas vraiment et ignorait presque tout d'elle.

- Avec plaisir.

Il sourit. Il n'était pas du genre rancunier mais n'avait tout de même pas oublié le "lapin" qu'elle lui avait posé. Jamais il n'aurait fait ça sans laisser un mot. Il avait quand même décidé de passer au-dessus.

Il ne savait pas trop quel sujet aborder. Il avait déjà parler de leur métier respectif, de la lecture et de l'écriture. Et il ne voulait pas poser de questions trop banales. Alors il songea au dîner qu'ils allaient partager. Elle connaissait sûrement les plats que proposaient le restaurant - le serveur la connaissait après tout.

- Tu me conseilles quoi pour le repas ?

En réalité, Toby mourrait de faim. Il avait à peine grignoté le midi, gardant de la place pour le souper.

Ce soir, Ann avait des envies d'extravagance, si bien qu'elle s'entendit répondre à Toby :

- Si ça ne tenais qu'à moi, je nous commanderais tous les deux une fontaine de chocolat. Je meurs d'envie de manger du chocolat ! Mais dans ce genre de restaurant un peu guindé, c'est mal vu de commencer par le dessert, fit-elle en parlant un peu plus bas.

En réalité, dans n'importe quel restaurant ce genre de pratiques étaient mal vues. Sauf peut-être ces tavernes de la nouvelle vague, fréquentées par des jeunes à la recherche de modernisme et d'un échappatoire au monde professionnel. Typiquement le genre d'établissement que son frère, ou bien Tom, pouvaient fréquenter.

L'auror n'était pas du genre aristocrate ou bienpensant à l'extrême, donc elle pouvait se permettre ce genre de remarque avec lui. Et c'est bien lui qui avait dit qu'il aimait la franchise, non ? Mais de ce que Ann avait pu voir, il aimait aussi les pratiques traditionnelles et un peu conservatrices, comme aller chercher une femme chez elle, s'adresser lui-même au serveur, laisser un mot avant de partir ou commencer par le plat dans un restaurant par exemple. Rien que d'imaginer la tête du serveur en les voyant commander leur dessert spécial au chocolat à la place d'une entrée lui donnait envie de rire. Non, décidément, elle était d'une humeur particulièrement joviale ce soir. Très inhabituelle, mais particulièrement joviale. Et s'il y a bien une chose qu'elle souhaitait, c'était que Toby soit dans la même humeur qu'elle. Quitte à le taquiner pour le provoquer un peu, qu'il sorte de son esprit ses idées professionnelles pour se plonger totalement dans l'atmosphère de la soirée.

- Mais bon, tu ne m'as pas l'air d'être une personne qui aime le chocolat. Je suis certaine que monsieur Toby Coore préfère une salade de saison accompagnée de son entrecôte bien cuite et d'une petite tarte au pomme bien sage et bien découpée. Ses yeux pétillaient de malice alors qu'elle s'amusait à titiller l'auror sur son sens de la rigueur. Cela dit, c'est vrai que leur entrecôte est délicieuse, glissa-t-elle finalement, pour répondre avec plus de sérieux à sa question, en se doutant qu'il ne serait pas trop pour l'idée de la fontaine à chocolat.

Une fontaine au chocolat... Comme elle l'avait signalé, c'était une pratique peu courante voire inexistante que de commencer par le dessert dans un restaurant. Toby n'avait d'ailleurs pas envisagé d'entamer le repas ainsi. Il s'attendait plus à ce qu'elle lui conseille une viande bien cuisinée accompagnée d'un assortiment de légumes cuits ensembles par exemple. Et c'est ce qu'il aurait préféré.

Pourtant, la journaliste lui lança une pique que l'auror n'apprécia pas à sa juste valeur à cause de la journée qu'il venait de passer. Il avait à peine envie de rire et était plutôt d'un air morose. Pourtant, il se fit la réflexion qu'à la place, il devrait profiter de la soirée. Ce genre d'occasions ne se présentait pas souvent après tout. Et puis, elle l'avait gentiment provoqué alors pourquoi pas retourner la situation ? Dire quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas ?

- Et bien pourquoi pas déroger à la règle et nous commander une fontaine au chocolat dans ce cas ? Après tout, nous la paierons, peu importe quel regard le serveur posera sur nous.

Il espérait l'étonner positivement. Et puis, après réflexion, il avait tout aussi envie de chocolat et de fruit. Et il croisait les doigts pour qu'ils aient de la bonne brioche française. Sa mère réussissait à en faire quand il était petit. Thomas et lui adoraient ça. Ils pouvaient la manger entière.

Un petit sourire en coin apparut sur le bout des lèvres de la journaliste. Le rigoureux et conventionnel Toby était donc prêt à déroger à la tradition le temps d'un repas. Qu'à cela ne tienne, il n'aurait pas besoin de se répéter deux fois. Alors que le serveur un peu guindé revint vers eux pour leur demander de passer commande, Ann lui dit le plus naturellement du monde :

- Nous prendrons la fontaine au chocolat à partager s'il vous plait.

Le regard un peu perdu, le garçon ne savait que répondre.

- Madame Czajkowski, il me semble que vous vous méprenez, vous aviez devant les yeux la carte des desserts.

- Parfaitement. Ce serait tout de même une honte que votre restaurant inscrive la fontaine au chocolat dans la partie plats du menu, n'est-ce-pas ?

Sans demander son reste, le serveur leur reprit les cartes en s'en alla en cuisines. Le pauvre ne pouvait pas décemment aller à l'encontre du principe du client roi, et Ann et Toby en profitait délibérément. Agréablement surprise par l'auror, Ann se figura qu'il se lâchait un peu plus en sa présence, malgré le fait qu'ils ne se connaissent en réalité pas depuis si longtemps.

- Je ne te pensais pas si prompt à frôler l'excentrique, lui dit-elle en riant un peu.

Toby observa la discussion entre Ann et le serveur. Celui-ci semblait complètement perdu et choqué de la commande que la journaliste avait faite. L'auror ne comprenait parfois par les personnes qui restaient trop dans les lignes, faisant comme tout le monde. Un peu de frivolité ne faisait pas de mal à personne pourtant ! Finalement, et bien heureusement, la brune eut le mot de la fin et le trentenaire ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire.

La jeune femme fit de même en lui révélant sa surprise à l'engoument de Toby pour la fontaine au chocolat.

- Pourquoi pas après tout ? On ne va pas se forcer à manger autre chose si on a envie de ça. Et puis après une sale journée, c'est toujours un bon remède le chocolat.

Il devait avouer qu'elle l'avait aussi étonné, il ne s'attendait pas à ça. Il avait imaginé un dîner composé d'une viande rouge accompagnée de légumes et un petit dessert afin de finir sur une note sucrée. Le tout, agrémenté de vin. Et voilà qu'il buvait une bière et qu'ils allaient manger du chocolat. Agréablement surpris.

Sans se douter que ce qu'il allait dire serait plutôt vrai, Toby demanda en rigolant :

- Alors, t'as fait quoi comme plan machiavélique pour obtenir cette promotion ? Dis-moi tout !

Il avait donc passé une sale journée. C'est vrai que Ann avait décelé un léger manque de jovialité chez lui ce soir, mais elle le mettait plutôt sur le compte de leur petite querelle. Elle avait volontairement occulté le fait qu'il lui en voulait peut-être encore d'être partie sans un mot lors de leur dernière nuit, en pensant qu'il n'était pas judicieux de ramener le sujet sur le tapis s'ils voulaient passer une bonne soirée. Mais en réalité, sa mauvaise humeur qu'il tentait de dissimuler était donc due à d'autres facteurs. Comme il attendait certainement à ce que Ann lui pose une question à ce sujet - et que les normes de politesse voudraient qu'elle le fasse - elle s'apprêta à ouvrir la bouche, mais il la devança.

Sa remarque la fit sourire intérieurement, elle n'afficha cependant aucun changement d'expression. Si seulement il savait ... Elle répondit, le plus simplement du monde :

- Si par plan machiavélique tu entends : bosser d'arrache-pied depuis des mois, alors je confesse sans aucune honte. Si tu veux tout savoir, le soir de notre rencontre, c'était la première fois que je sortais dans un bar depuis au moins un an. Ce job me prend tout mon temps, et toute mon énergie en général. Mais il en vaut la peine ...

Tout cela n'était finalement qu'un demi-mensonge. Il est vrai que, contrairement à beaucoup de choses, le journalisme et l'écriture déclenchaient chez Ann une certaine passion, un pétillement. Elle qui était si souvent indifférente à tout ce que le commun des mortels trouvait de "beau", elle devait admettre qu'elle affectionnait tout, ou presque, dans son métier. La notoriété, le choix des mots, les reportages, les stratégies, l'odeur de l'encre. Et l'ascension professionnelle, bien entendu.

- C'est sur que je ne passe pas ma journée à courir après les plus grands criminels de tous les temps, mais le journalisme a son lot de surprises quotidiennes également, fit-elle par dire.

- Si par plan machiavélique tu entends : bosser d'arrache-pied depuis des mois, alors je confesse sans aucune honte. Si tu veux tout savoir, le soir de notre rencontre, c'était la première fois que je sortais dans un bar depuis au moins un an. Ce job me prend tout mon temps, et toute mon énergie en général. Mais il en vaut la peine...

Un an... Toby ne se voyait pas ne pas sortir pendant une année entière. Après son boulot, il avait besoin de se changer les idées, de s'enlever de la tête les atrocités et horreurs qu'il voyait et vivait presque tous les jours. Elle devait vraiment être occupée pour ne jamais prendre de temps libre.

Avant qu'il puisse répondre, elle ajouta :

- C'est sur que je ne passe pas ma journée à courir après les plus grands criminels de tous les temps, mais le journalisme a son lot de surprises quotidiennes également.

L'auror hocha la tête. Il respectait tous les métiers qui existaient. Chacun avec ses avantages et inconvénients ainsi que ses difficultés. Ca variait simplement d'un emploi à un autre. Il ne pouvait pas se permettre de juger un autre métier ou de comparer le sien à d'autres.

- Et bien, on peut dire que j'ai eu de la chance que tu sortes justement ce soir-là... laissa-t-il échapper.

Ca faisait longtemps en vérité qu'il n'avait pas rencontré une femme qui avait de la répartie, de la conversation ainsi qu'une grande indépendance.

La fontaine au chocolat arriva enfin et Toby se retrouva enfant à nouveau. Il avait d'un coup très faim et voulait tout dévorer. Il observait les différents fruits proposés ainsi que la brioche qui avait l'air moelleuse. Il laissa d'abord Ann se servir puis piqua un bout de banane du bout de fourchette et le trempa dans le chocolat. Le portant à sa bouche, il soupira d'aise. Ce que c'était bon...

Le compliment de Toby ne tomba pas dans l'oreille d'une sourde, mais l'arrivée de la fontaine au chocolat interrompit quelques peu la conversation. Le serveur n'avait pas l'air des plus ravi de la leur amener, mais c'était bien le cadet de leurs soucis. Ann opta pour les fruits rouges, tandis que Toby faisait les yeux doux à la brioche. Elle avait l'impression de redécouvrir la saveur du sucre au moment où chaque cuillère atteignait ses papilles. Décidément, elle ne se féliciterait jamais assez d'avoir eu cette idée ! Au bout d'un silence de gourmandise tout à fait convenu, et de quelques fraises englouties, Ann reprit où ils s'étaient arrêtés :

- Une bien heureuse coïncidence en effet !

Elle se rappelait les circonstances de cette soirée comme si c'était hier. Son imbécile de frère qui l'avait abandonnée pour aller voir son idiot de meilleur ami. Maintenant qu'elle y pensait, ça faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas entendu parler de Jakob. L'esprit trop occupé dans ses manigances professionnelles et ses rendez-vous galants, elle n'avait même pas pensé à le prévenir de sa promotion. Elle le voyait déjà lui reprocher de passer trop de temps à bosser, et quand elle lui avouerai être allée dîner avec Toby, il lui jetterai un regard narquois, presque un peu jaloux. Il avait beau cumuler tous les défauts du monde, on ne pouvait pas dire qu'il n'était pas protecteur. Certes, il avait une manière bien à lui de le montrer, mais on pouvait lui pardonner.

Un peu perdue dans ses pensées, la brune se reprit.

- Tu as de la famille, ici, à Londres ? demanda-t-elle en changeant soudainement de sujet.

Si on suivait le cours de ses idées, la question ne paraissait pas du tout sortir de nulle part. Mais était donné que Toby n'avait pas le pouvoir de lire son esprit, il devait certainement la trouver insolite.

Tandis que Toby dégustait quelques morceaux de brioche enrobés de chocolat, Ann semblait réfléchir. Il se demandait vaguement à quoi mais il était trop préoccupé par la nourriture pour s'en soucier réellement. Pourtant, il obtint très rapidement la réponse à son interrogation :

- Tu as de la famille, ici, à Londres ?

Aïe. Malgré les années qui le séparaient maintenant de son frère, le sujet était vraiment très difficile à aborder. Il ne savait que répondre. Allait-il mentir et dire qu'il était fils unique pour éviter de devoir parler de Thomas ou allait-il opter pour la vérité ?

Toby s'arrêta un instant de manger et réfléchit. La meilleure option était d'esquiver le sujet pourtant, quelque chose lui soufflait dans son oreille qu'il était peut-être plus sage de répondre honnêtement à la question. Il prit alors une grande inspiration :

- J'avais. Mon frère a été tué par des mangemorts il y a quatre ans.

Clair, net et précis. Si elle avait un minimum de bon sens, elle changerait vivement de sujet, ne voulant se lancer dans un point sensible de la vie de l'auror. Il ne voulait en aucun cas raconter les détails de la mort de Thomas. Cela lui évoquerait beaucoup trop de souvenirs. Il savait en parler mais après la journée qu'il venait de passer, il était sûr que s'il le faisait, il craquerait. Et il ne comptait pas pleurnicher devant une femme telle que la journaliste. Il avait une dignité à tenir.

- J'avais. Mon frère a été tué par des mangemorts il y a quatre ans.

- Oh..

Ann se renfrogna un peu et dû se résoudre à poser sa cuillère. Elle ne s'attendait pas vraiment à cette réponse de sa part. Ni à ce qu'il lui dévoile la cause de la mort de son frère. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne savait que dire. Elle n'avait pas l'indécence de s'étendre sur le sujet, et pourtant, le ressenti de Toby l'intriguait. Elle aurait voulu en savoir plus. Quels mangemorts ? Où ? Comment ? Elle se dit cependant qu'en recherchant dans les archives des journaux du Hibou voyageur, elle retrouverait peut-être un article relatant de ce meurtre. De quoi satisfaire sa curiosité sans importuner Toby.

- Désolée, je ne savais pas. Je ne voulais pas lancer de froid, dit-elle sincèrement.

Pour ne pas changer brusquement de sujet, sans non plus donner au repas une atmosphère macabre, Ann se hasarda à demander :

- Et tes parents ? Ils ne vivent pas à Londres ?

Elle espérait qu'ils n'étaient pas décédés. Sinon, elle se sentirait vraiment comme la reine des cruches. Quel manque de tact de poser de telles questions ! Il faut dire qu'elle ne pouvait pas deviner, mais tout de même ...

- Désolée, je ne savais pas. Je ne voulais pas lancer de froid.

Toby la regarda. Elle semblait sincère. Il hocha la tête comme pour montrer qu'il acceptait ses excuses.

- Tu ne pouvais pas savoir, ne t'inquiète pas.

- Et tes parents ? Ils ne vivent pas à Londres ?

Elle devait se douter que non puisqu'il venait de dire qu'il n'avait qu'une seule famille dans la capitale et qui était maintenant décédée.

- Non, ils vivent à Uxbridge. Tu connais ?

Il ne pensait pas que ce serait le cas. La petite bourgade n'était pas très connue. Il repensa à son enfance là-bas. Elle avait été tellement belle et épanouie. Ils s'amusaient tout le temps avec son frère. Et maintenant, Thomas n'était même plus là pour partager un dîner... Le temps avait beau passé, les souvenirs ne partaient pas. Et Toby s'en voulait encore et toujours de ne pas avoir été présent pour sauver son jumeau des griffes des mangemorts.

- Non, ils vivent à Uxbridge. Tu connais ?

Ouf, pas de gaffe. Ann ne manquait pas souvent de tact mais elle avait cette fois été si maladroite qu'elle s'en voulait encore. Après courte réflexion, ce décès expliquait beaucoup de choses dans la personnalité de Toby. Son investissement professionnel, sa détermination... La brune pu reprendre son repas où il en était, légèrement perdue dans les yeux du jeune homme. Elle y voyait encore de la tristesse, et une sorte de volonté de revanche. Qui était tout à fait compréhensible, et qu'elle n'avait jusqu'alors jamais vraiment perçue. Peut-être était-ce inadapté, ou bien indécent, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que cette faiblesse lui donnait un certain charme.

- Non, je ne connais pas du tout. En réalité, excepté Poudlard et Londres, j'ai très peu voyagé au Royaume-Uni.

Étonnant pour une femme qui pouvait parfois sembler si lassée du monde, alors qu'elle n'en avait pas vu les plus belles facettes. Mais il est vrai qu'elle était restée beaucoup à Londres et dans sa proche banlieue, voilà pourquoi elle n'avait jamais entendu parler d'Uxbridge. Elle imaginait une petite ville de campagne. Toby ne pouvait pas avoir grandi ailleurs qu'entouré de verdure et d'air frais. C'était du moins l'idée qu'elle se faisait de lui. Un enfant impertinent, en quête d'aventures. Sur ce point, peut-être n'avait-il jamais grandi.

Toby trempa, à l'aide de sa fourchette, une rondelle de banane dans la fondue au chocolat. Puis après l'avoir mangé, il but une gorgée de vin. Il fallait tout de même qu'il profite de ce repas qui était vraiment succulent. On sentait que les fruits étaient frais.

- Non, je ne connais pas du tout. En réalité, excepté Poudlard et Londres, j'ai très peu voyagé au Royaume-Uni.

Poudlard. Il avait passé d'excellentes années là-bas, toujours avide d'en apprendre plus sur chacune des matières. Il y avait peut-être passé les plus beaux moments de sa vie. En réalité, il ne savait pas trop, il ne s'était jamais posé cette question. Pourtant, jusqu'à ce que Thomas soit tué, il avait eu une belle vie, sans trop d'embûches.

- Oh de toute façon ce n'est pas très connu. Ce n'est pas le genre de lieux qu'on visite en général.

C'est vrai que la petite ville n'était rien comparée à Cambridge ou Oxford par exemple.

- Et toi alors, tu as passé où ton enfance ?

Il en avait déjà assez divulgué sur lui. Elle connaissait la ville où il était né, elle avait appris la mort de son frère. C'était déjà bien plus que ce que ne révélait d'habitude l'auror.

Et bim ! Ann s'en doutait que la question allait venir, comme un voile qui flottait au dessus de sa tête, insaisissable mais qui était prêt à tomber à chaque instant. Il faut dire qu'ils tournaient autour du pot depuis le début de leur conversation, et que Toby en avait suffisamment dévoilé sur ses origines pour se permettre de questionner la journaliste. Elle qui n'était pas très prompte à répondre à ce genre de choses, elle allait devoir faire un effort. Il connaissait son nom, et avait suffisamment de jugeote pour en déduire qu'elle n'était pas anglaise. Elle pouvait donc très bien préciser le pays tout en restant évasive.

- J'ai vécu en Pologne avec ma famille, et je suis arrivée à Poudlard à mes 11 ans après avoir reçu ma lettre. Je n'ai plus quitté l'école avant d'arriver à Londres après mon diplôme.

Devait-elle parler de son frère ? Il lui avait bien parlé du sien. La brune aimait avoir toujours un coup d'avance sur ses interlocuteurs. En savoir plus sur eux qu'ils n'en savaient sur elle. C'était une forme de précaution en quelque sorte, pour éviter des mauvaises surprises.

- J'ai été entourée de garçons pendant toute mon enfance. Trois frères, je sais pas si tu imagines .. dit-elle avec un petit sourire.  

Le tour était joué. Sans parler de son frère jumeau elle dévoilait un aspect de son enfance, qui en disait d'ailleurs long sur sa personnalité, mais qui ne pouvait pas être utilisé contre elle. Cette déclaration lui évoqua de nombreux souvenirs. Ceux d'une petite fille instable, insolente. Des souvenirs de courses poursuites et de bagarres bon enfant, des jouets en bois et de maison exiguë. Elle n'avait pas revu ses plus grands frères ou son père depuis plus de presque trente ans. Une éternité ... Mais elle n'avait jamais ressenti le besoin de retourner en Pologne à vrai dire.

- J'ai vécu en Pologne avec ma famille, et je suis arrivée à Poudlard à mes 11 ans après avoir reçu ma lettre. Je n'ai plus quitté l'école avant d'arriver à Londres après mon diplôme.

La Pologne. C'était un pays qu'il souhaitait visiter si un jour il faisait un grand voyage. Pourtant, ça n'était pas une des ses plus grandes envies, voyager. Il préférait s'évader dans l'écriture. Ou dans la lecture. A la limite le sport.

- J'ai été entourée de garçons pendant toute mon enfance. Trois frères, je sais pas si tu imagines...

Il sourit. Ca faisait beaucoup en effet, surtout quand on était la seule fille de la fratrie. Enfin, ça avait du lui forger le caractère qu'elle avait maintenant au moins. Et puis adolescente, si on lui avait cherché des noises, ils avaient du la protéger. Enfin seulement s'ils avaient été à Poudlard eux aussi. Il se risqua à lui poser la question.

- Ils ont tous les trois étudiés à Poudlard aussi ? Et comment ça se fait que vous ne soyez pas aller dans une école plus proche de chez vous ?

Ca faisait beaucoup d'informations qu'elle devrait lui donner si elle voulait bien lui répondre. Ca n'allait pas beaucoup lui plaire...

- Ils ont tous les trois étudiés à Poudlard aussi ? Et comment ça se fait que vous ne soyez pas aller dans une école plus proche de chez vous ?

C'est qu'il posait beaucoup de questions l'auror. Déformation professionnelle il faut croire. Ann haussa les épaules avec une moue un peu indécise. Plus proche de chez eux, c'était les usines et la ruine. Une fois à Poudlard, elle avait entendu parler de Durmstrang, bien sûr. Et il est vrai qu'elle s'était déjà demandée pourquoi avoir reçu une lettre venant d’Écosse et non de Russie ou Scandinavie ou Dieu-sait-où. Mais elle était plus que satisfaite d'avoir quitté la Pologne et n'aurait souhaité pour rien au monde finir dans une école entourée de gens comme ses frères.

- Seuls Jakob et moi avons étudié à Poudlard. Nous sommes les seuls ahum ... sorciers dans la famille, avec ma mère.

Elle avait très légèrement baissé le ton. Ils étaient tout de même dans un restaurant moldu et même si elle doutait fortement que les familles autour d'eux n'écoutent leur conversation, la brune préférait prendre ses précautions.

- Et si par "école plus proche de chez nous" tu veux dire Durmstrang, alors je n'y ai jamais vraiment réfléchi mais au bout du compte, je suis plutôt heureuse de ne pas y être allée, dit-elle simplement. Après un court instant, elle ajouta en plaisantant un peu : tu sais où je t'aurais bien vu ? A Beauxbâtons.

La journaliste sembla réfléchir un instant avant de répondre. Peut-être que Toby avait appuyé sur une corde sensible comme elle l'avait fait quelques minutes auparavant.

- Seuls Jakob et moi avons étudié à Poudlard. Nous sommes les seuls ahum ... sorciers dans la famille, avec ma mère.

L'auror hocha la tête. Mais qui était donc Jakob ? Son petit, son grand frère ? Il avait très envie de lui poser la question mais Ann reprit un peu plus bas la conversation :

- Et si par "école plus proche de chez nous" tu veux dire Durmstrang, alors je n'y ai jamais vraiment réfléchi mais au bout du compte, je suis plutôt heureuse de ne pas y être allée. Tu sais où je t'aurais bien vu ? A Beauxbâtons.

Le sorcier leva un sourcil interrogateur. Il ne savait pas que chaque école accueillait une personnalité même. Il avait toujours pensé qu'importe l'établissement, on y trouvait de tout, sans être impoli. Et puis d'ailleurs il y avait juste plusieurs écoles car tout le monde ne pouvait pas se déplacer pour aller dans une.

- Et pourquoi donc ? demanda-t-il avec un petit sourire. Au fait Jakob est plus âgé, plus jeune, du même âge que toi ?

- Et pourquoi donc ? Au fait Jakob est plus âgé, plus jeune, du même âge que toi ? demanda Toby sans lâcher l'affaire.

- Je ne sais pas, une intuition. Tu es un peu ... français dans ton genre. Je joue un peu sur les clichés, je ne m'en cache pas, mais tout de même : si chaque école pouvait être résumée par des caractéristiques générales, tu aurais pu appartenir à Beauxbâtons, dit-elle simplement.

Elle ne prêta pas tout de suite attention à sa seconde question, mais les idées fusaient dans sa tête à la vitesse de la lumière. Pas très encline à lui dévoiler que Jakob était son frère jumeau, elle se disait cependant que le plus naturellement et rapidement elle le dirait, la plus anodine paraîtra l'information. Et puis, qu'était-elle supposé lui dire ? Jamais au grand jamais elle ne pourrait expliciter à haute voix à quel point Jakob représentait tout ce qu'elle avait (pour le meilleur et pour le pire). Elle n'arrivait même pas à se l'admettre à elle-même. Il l'avait si souvent faite enrager, avec ses problèmes d'argent, son immaturité, son incapacité à se trouver des relations stables. Il avait tous les défauts du monde, et c'était bien là sa particularité : il était la seule personne avec autant de torts mais qu'elle aimait malgré tout.

Non pas qu'elle ne se soit jamais posé la question de pourquoi l'aimait-elle autant, bien au contraire. A maintes reprises elle s'était demandé si le fait qu'ils soient jumeaux n'avait pas créé en elle une sorte de contrainte physique, de lien indéfectible qui faisait qu'elle était obligée de l'aimer. Mais au fond, c'était bien plus que ça. Ils avaient grandi ensemble et se protégeaient mutuellement. Ça avait toujours été ainsi et ça le restera à jamais. Alors non, Ann, bien incapable de s'admettre à elle-même l'amour qu'elle portait à Jakob, n'allait jamais répondre à Toby que son frère était la seule entité physique qu'elle avait jamais été capable d'aimer. Elle se contenterait d'un :

- Jakob et moi sommes jumeaux. Tous les deux nés un matin froid de novembre.

- Je ne sais pas, une intuition. Tu es un peu ... français dans ton genre. Je joue un peu sur les clichés, je ne m'en cache pas, mais tout de même : si chaque école pouvait être résumée par des caractéristiques générales, tu aurais pu appartenir à Beauxbâtons.

Toby sourit, il ne savait pas trop comment le prendre mais il ne voulait pas se vexer. Après tout, il n'avait pas de raisons valables de le faire.

Il finit tranquillement son verre de vin tout en dégustant encore quelques bouts de brioche trempés dans le chocolat fondu. Il avait bien mangé et n'avalerait plus rien jusque le lendemain.

- Jakob et moi sommes jumeaux. Tous les deux nés un matin froid de novembre.

Une matinée froide ? Un peu comme elle au final, par bien des abords, elle n'était pas abordable. Elle restait mystérieuse et l'auror espèrait pouvoir découvrir quelques uns de ses secrets.

- On devrait peut-être y aller, à moins que tu souhaites encore manger ?

Elle secoua la tête et ils se rendirent au comptoir pour régler l'addition.

- Je te ramène ?

Ils prirent ensuite la route de l'appartement d'Ann car elle avait accepté la proposition du brun.