Potion du Soir, Espoir

Ce soir-là était très calme au château. Pas étonnant, ils étaient tous à une fête sauvage organisée par des élèves de son année, à l'occasion de la rentrée. Bien qu'il désapprouve totalement ces réjouissances, il avait décidé de fermer les yeux. Il avait simplement tenté de faire changer le lieu : la Cabane Hurlante se trouvant hors du château, c'était risqué ! Mais ses collègues avaient estimé encore plus hasardeux de le faire à l'intérieur. Certes, la Chambre des Secrets aurait pu être un lieu idéal, immense et probablement mieux insonorisé que n'importe quel autre endroit possible, mais se retrouver face à un professeur en profitant de la promiscuité pour faire des allés-retours en cuisine, était beaucoup plus probable qu'en le faisant à l'écart de Pré-au-Lard.

Julian traînait un peu des pieds, il n'espérait pas retirer des points ou mettre des retenues ce soir. Il voulait simplement être sûr que chacun regagne sa salle commune en toute sécurité. Il était encore relativement tôt pour une soirée festive, mais les plus jeunes rentreraient sans doute autour de minuit. Et dans quel état ? Le préfet-en-chef n'osait pas l'imaginer !

Quand on l'interpela dans le couloir, il reconnut directement sa sœur. Partagé entre la colère et l'inquiétude, il s'approcha du petit groupe qui avait l'air particulièrement éméché. Même le préfet de sa propre maison ! Il leur adressa un regard soupçonneux, avant d'annoncer sur un ton autoritaire :

- Vous ne devriez pas traîner dans les couloirs à cette heure-ci ! Encore moins dans votre état ! Ils sont combien à devoir être conduits à l'infirmerie, Judy ? J'espère que toi tu n'as rien bu ! La matrone Smith risque de se poser des questions, vous avez réfléchi à ce que vous allez dire ?

Jaugeant les uns et les autres, et vu la tête que certains affichaient, il devenait évident qu'un détour par l'infirmerie ne faisait pas partie de leurs intentions.

Julian soupira. Puis, il posa de nouveau son regard sur la troupe et s'arrêta sur sa petite sœur, les yeux presque exorbités. La pénombre ambiante ne lui avait pas fait remarquer son état ! Son cœur se mit à battre plus fort, à la fois de colère et d'inquiétude. À défaut de pouvoir calmer la seconde, il essaya de faire taire la première, surtout vu l'air complètement désespéré de son collègue de préfet. En fait, "pitoyable" était le mot juste.

- Le Quidditch, toujours le Quidditch ! Vous auriez dû y réfléchir avant, si vous tenez tant à entrer dans les équipes officielles ! Bon, très bien, puisque le mal est fait, je vous la ferais, votre potion. Mais elle ne se fait pas en cinq minutes, vous êtes drôles... Vous viendrez la chercher demain matin, au petit-déjeuner. Si l'un de vous se fait prendre, ne m'impliquez pas, parce que là, je vous assure que je vous fais passer un mauvais quart d'heure en plus de celui que vous aurez probablement chez le concierge ou le directeur !

Son regard se posa sur Judy, fronçant les sourcils. Qu'allait-il sortir en premier ? L'inquiétude ou la colère ?

Quant à toi... Il faut faire quelque chose avec cette blessure. Trouve une excuse, mais il faut que je t'emmène à l'infirmerie. Et en chemin, tu as intérêt à me dire la stricte vérité, sinon j'envoie un hibou aux parents ! Qui va s'occuper des autres en attendant ? Il est hors de question que vous erriez dans les couloirs dans cet état ! Les Gryffondor, vous n'avez qu'à retourner dans votre salle commune. Et toi Robson... Je veux bien te couvrir pour cette fois, mais seulement si tu me promets que désormais tu feras plus honneur que ça à ton insigne !